Je comprends tout sur le requin et tout ça, mais je veux évoquer un fait scientifique peu connu et désagréable sur le stress et ses effets.
Lors d’une exposition prolongée au stress (par exemple, à la suite d’une guerre), des changements organiques se produisent dans le cerveau. L’une des manifestations de ces changements est une diminution du niveau d’empathie à la suite de l’impact sur le cortex frontal. Nous perdons notre capacité à sympathiser avec les autres. Tout d’abord, aux ennemis. Ce qui n’est pas surprenant. Nous sommes également amusés qu’un Russe qui est allé à la guerre contre nous brûle dans un tank, ou qu’un Russe qui a fui la guerre soit mutilé par une bête de proie. Ils sont tous les mêmes.
Mais ne vous précipitez pas pour commenter. Le niveau suivant d’insensibilité est la perte d’empathie pour les siens : dévaloriser leurs expériences, ignorer leurs états dépressifs, les accuser de faiblesse, etc. Si le stress dure longtemps, la catégorie suivante, contre laquelle nous serons en colère, ce sont les autres Ukrainiens : ceux qui sont partis et sont pauvres en Europe – c’est de leur faute, ceux qui ne sont pas partis quand ils étaient offert (de Kharkov, de Bakhmut ou de Kherson) – celui qui a fait quelque chose que nous n’avons pas aimé est à blâmer – c’est ce qu’il devrait faire.
Et ne me dites pas que ça n’existe pas. Je suis un psychologue expérimenté et je vois déjà qu’il y a trop de cas de ce genre à ignorer.
La guerre ne nous affecte pas seulement. Cela nous change à un niveau organique, nous enlevant la possibilité de montrer des états émotionnels complexes, tels que l’empathie, la compassion, la miséricorde. Nous ne sommes pas dans ces processus compliqués lorsque nous sommes tués. Mais rappelez-vous que le durcissement est un processus inertiel. Et cela nous influencera longtemps, longtemps après la guerre.
Et juste au cas où, le requin ne se soucie pas de la nationalité de sa victime. Elle veut juste manger. Cela concerne avant tout les Russes, qui rentreront chez eux et sacrifieront les leurs. L’essentiel est que vous et moi ne devenions pas des requins qui s’en fichent.
