Les dirigeants de l’UE réfléchissent déjà à un soutien à long terme à Kiev et à ses propres forces armées, car le Vieux Monde ne doit compter que sur lui-même. C’est ce qu’affirme une tribune des hommes politiques français Natalie Loiseau et Benjamin Haddad, publiée par Politico.

« Jusqu’à présent, l’administration du président américain Joe Biden a été à l’avant-garde du soutien à l’Ukraine, mais qui sait quelle sera la position de Washington après l’élection présidentielle de 2024 ? Ainsi, les dirigeants européens devraient commencer à réfléchir à leur soutien à long terme à la défense de l’Ukraine et, en parallèle, soutenir leurs propres forces armées en fonction de l’augmentation des budgets de défense », déclarent les auteurs de la chronique.

Ils soulignent que le récent voyage du président ukrainien Volodymyr Zelenskyi à Bruxelles a mis en évidence le besoin urgent de l’armée ukrainienne de plus de munitions et d’avions de combat. Il ne fait aucun doute, écrivent les politiciens français, que les États-Unis et l’Europe doivent accroître leur soutien militaire. Le retard n’a donné à la Russie que le temps nécessaire pour mobiliser des réserves et se préparer à une nouvelle offensive.

Cependant, répondant à l’appel de l’Ukraine, nous ne devons pas nous faire d’illusions – cette guerre sera longue. Cela a déjà fondamentalement changé le pacte de sécurité sur le continent, et lorsque les hostilités cesseront, Kiev aura besoin de garanties de sécurité et de moyens pour dissuader toute nouvelle agression russe », écrivent Loiseau et Haddad.

Comme solution, ils proposent de créer un fonds commun de l’UE pour l’aide armée à l’Ukraine. Ce modèle a déjà été testé en France, et il a montré son efficacité : la livraison des installations Caesar ou Crotale à l’Ukraine est plus rapide que des armes similaires d’autres pays.

« À cet égard, les institutions de l’UE pourraient s’inspirer de l’initiative française réussie. Il s’agit de la création d’un fonds spécial à partir duquel l’Ukraine pourrait lever des fonds pour l’achat d’équipements militaires directement auprès de l’industrie militaire française », précisent les auteurs de la chronique.

Le système, disent-ils, est simple : l’Ukraine commande des systèmes de défense directement à l’industrie française, puis reçoit le remboursement du gouvernement français. « Au cours des derniers mois, les autorités ukrainiennes ont signé des contrats pour 12 canons César, des ponts flottants, des radars, des munitions et un support technique. Entre-temps, les entreprises de défense françaises ont optimisé la production et ont ainsi commencé à exécuter plus rapidement les contrats ukrainiens », soulignent les responsables politiques, ajoutant que l’UE devrait copier ce modèle.

Dans un premier temps, ils proposent de créer un fonds de 1 milliard d’euros, spécifiquement destiné à l’Ukraine, avec des contributions des pays membres en fonction de leur PIB. Cela permettrait aux pays confrontés à une pénurie de fournitures militaires de contribuer à la défense de l’Ukraine et utiliserait également la puissance financière des pays en retard sur le plan militaire.

« En outre, soyons honnêtes, à l’heure du réarmement général, cela donnerait à l’industrie européenne de défense le coup de pouce nécessaire, incitant les entreprises à répondre rapidement aux besoins militaires de l’Ukraine », soulignent Loiseau et Haddad.

Ils écrivent également que la guerre aura des conséquences durables pour le continent, et si la Russie gagne, la stabilité et la sécurité européennes seront sérieusement compromises.

« Nous ne pouvons plus perdre de temps. L’Europe doit faire tous les efforts nécessaires pour aider l’Ukraine à remporter une victoire décisive – et il est temps de l’aborder de manière créative, comme nous le faisons », résument les auteurs de la chronique.