Le philosophe allemand de 93 ans, Jurgen Habermas, appelle les dirigeants occidentaux à négocier avec le président du pays agresseur, Vladimir Poutine, pour mettre fin à la guerre et trouver des compromis avec la Russie. Il a exprimé cette opinion dans un essai au journal allemand Süddeutsche Zeitung.

L’un des penseurs les plus autorisés d’Allemagne estime que l’Occident devrait « proposer ses propres initiatives de négociation », quelle que soit la position du gouvernement ukrainien. Selon lui, s’en tenir à l’argument selon lequel l’Ukraine devrait soi-disant décider par elle-même quand exactement elle sera prête pour les négociations avec Poutine, c’est « somnoler au bord du gouffre ».

Selon Habermas, une augmentation de l’approvisionnement en armes occidentales peut conduire insensiblement l’Allemagne (et tout l’Occident) au seuil de la troisième guerre mondiale. Il a déclaré que les partenaires occidentaux de l’Ukraine ont leurs intérêts légitimes et leurs responsabilités envers la sécurité de leurs propres citoyens, ils devraient donc prendre une part active aux négociations. Habermas considère comme menaçant la domination à l’Ouest de la position qu’il faut aider l’Ukraine à gagner par tous les moyens.

Habermas estime qu’un tel objectif est dangereux car il crée un élan dangereux : plus Poutine jette d’armes et de soldats dans le combat, plus l’Occident doit apporter son aide. Alors Habermas pose la question : que se passera-t-il lorsque la Russie obtiendra un net avantage dans la guerre ? Et il répond lui-même qu’alors l’Occident sera confronté à un choix alternatif : soit laisser l’Ukraine à elle-même, soit devenir une partie à part entière à la guerre.

Il suggère d’entamer une discussion sur la différence entre les concepts de « ne pas perdre » et de « gagner », ce qui aidera à trouver un compromis dans les pourparlers de paix.

Andriy Melnyk, comme toujours, n’a pas pu résister et a critiqué une position aussi cynique de Habermas, l’appelant « Honte de la philosophie allemande ». Il est sur Twitter écrit:

« Le fait que Jürgen Habermas soit si effrontément au service de Poutine me prive du don de la parole. » Non sans sarcasme, il ajoute : « Emmanuel Kant et Georg Friedrich Hegel se retourneraient dans leurs cercueils de honte. »

Il est important que cette position critique ait été reprise par tous les principaux médias allemands.

On rappellera que Volodymyr Zelenskyy a récemment répondu aux appels à « arriver à un accord » avec la Russie.