jeudi, mars 28, 2024
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Une pénurie de main-d’œuvre pourrait détruire l’économie de l’un des pays les plus riches d’Europe

La taille de la main-d’œuvre allemande a cessé de croître, ce qui a compromis le développement de la plus grande économie d’Europe. Ceci est rapporté par Bloomberg, en référence aux données de l’institut de recherche du gouvernement allemand.

Selon la modélisation de l’institut de recherche du gouvernement allemand, la main-d’œuvre du pays, forte de 47 millions de personnes, cessera de croître maintenant. Peut-être que c’est déjà le cas. Et ce moment sera le point culminant du super cycle économique de l’Allemagne, qui a transformé un pays dévasté par la guerre en un centre manufacturier et l’un des pays les plus riches du monde.

“Quoi qu’il arrive ensuite, l’ère où les générations successives d’Allemands ont vu le niveau de vie s’élever grâce à une main-d’œuvre toujours croissante touche à sa fin”, écrit le journal.

Sans changements majeurs, la main-d’œuvre allemande diminuera fortement dans les années à venir, sapant la croissance économique, augmentant les pressions inflationnistes et créant des défis particulièrement difficiles pour les entreprises manufacturières. L’offre de main-d’œuvre diminuera de 3 millions de personnes, soit 7 %, au cours de la prochaine décennie, à moins que les Allemands qui prennent leur retraite ne soient remplacés par un afflux important de migrants.

La population allemande en âge de travailler a en fait culminé à la fin du siècle dernier, mais le pays a réussi à éviter le déclin démographique pendant un certain temps grâce à l’arrivée de millions d’immigrants et à l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail. Mais les deux tendances s’estompent maintenant, tout comme les personnes nées après la Seconde Guerre mondiale prennent leur retraite.

Les Ukrainiens vont-ils aider ?

Bien que la migration vers l’Allemagne se soit accélérée grâce aux réfugiés de Syrie et d’Ukraine, cela ne résout pas trop le problème. Les Allemands se méfient des promesses du gouvernement selon lesquelles la migration peut stimuler la croissance économique. Les politiciens ont fait une telle prévision en 2015, mais depuis lors, seulement environ la moitié des réfugiés qui sont arrivés dans le pays ont trouvé du travail.

Bloomberg écrit qu’au cours de la dernière décennie, le nombre de visas pour travailleurs qualifiés délivrés en Inde, aux Philippines et en Indonésie a augmenté dans le pays. Mais l’immigration reste une question politiquement chargée. Par exemple, la société allemande tente actuellement d’intégrer un million d’Ukrainiens arrivés l’année dernière. Les autorités locales disent que les écoles sont pleines, qu’il n’y a pas assez de logements, mais au contraire, le soutien au mouvement anti-immigration en Allemagne a augmenté.

Pour éviter une réduction du nombre de travailleurs, le pays a besoin de 400 000 nouveaux employés chaque année. Au cours des années précédentes, l’afflux de travailleurs était assuré par des réfugiés, alors que seulement la moitié d’entre eux ont réussi à résoudre le problème de l’emploi. La situation peut également être corrigée en augmentant la productivité du travail des employés, mais cela suffira pour assurer une croissance ne dépassant pas un pour cent par an.

Cela signifie que l’économie dépendra de l’amélioration de la productivité des travailleurs dont elle dispose pour stimuler l’expansion. En conséquence, la croissance globale ne devrait pas dépasser 1 % pendant des décennies, selon les prévisions de Bloomberg.

Le Fonds monétaire international a des perspectives tout aussi sombres. “Le vent contraire causé par le vieillissement de la population est déjà là et va continuer à s’accélérer dans les années à venir”, a répondu au figuré aux journalistes en mai Kevin Fletcher, qui dirigeait jusqu’à récemment la mission du FMI en Allemagne.

Selon Bloomberg, l’Allemagne sera confrontée à la plus grande crise démographique de tous les pays occidentaux au cours de la prochaine décennie. Seul le Japon – une société historiquement plus fermée avec une participation féminine plus faible et une population vieillissante plus rapide – est plus avancé sur cette trajectoire que l’Allemagne.

Les deux principaux leviers dont disposent les décideurs politiques sont l’augmentation du nombre de travailleurs et l’utilisation la plus efficace de ceux qui sont déjà sur place. Les deux peuvent être très difficiles. La migration a été une aubaine pour l’économie allemande et reste le moyen le plus probable de modifier la trajectoire de développement du pays. Le ministre du Travail, Hubertus Heil, a promis que le gouvernement « mettrait tout en œuvre » pour attirer des travailleurs qualifiés. Mais la vague d’immigrants en provenance d’Europe centrale et orientale ralentit à mesure que le niveau de vie dans ces pays rattrape celui de l’Allemagne.

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